44--              MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
Ce jour, le curé de Saint-Jacques prescha qu'il y avoit vingt-deux meschans politiques en la cour de parlement qui esmouvoient le peuple à sédition, des­quels il se falloit desfaire ; et qu'il les nommerait au premier jour.
Un greffier de chastelet dit tout haut ce jour, en plaine rue de Paris, que le duc de Maienne devoit avoir vingt-quatre sacs tous prests pour jetter le presi­dent Le Maistre dans l'eau, avec vingt-trois autres de ses compagnons qu'on cognoissoit bien.
Le mecredi dernier juin, la cour rassemblée fust interrompue par M. de Belin, que le duc de Maienne y envoia pour les prier d'avoir patience, et vouloir surseoir leurs déliberations d'un jour ou deux seule­ment. Sur quoi la cour députa M. le president Le Mais­tre, avec messieurs Fleuri et Damours, vers le duc de Maienne, qui leur dit tout en colère qu'il faloit qu'ils changeassent leur arrest d'amitié, comme il les en prioit bien fort : ou qu'il y emploieroit la force, à son grand regret; et que la cour lui avoit fait un affront dont elle se fust bien passée. Le president Le Maistre res-pondist que quant à la force et voie de fait, la cour le tenoit pour prince si sage et si advisé, qu'il n'en vien­droit jamais là : et quand il le feroit, que Dieu seroit tousjours pour la justice, laquelle ils avoient simple­ment suivie en leur arrest, sans avoir jamais pensé à l'offenser. Alors M. de Lion prenant la parole, lui dit en grande colère qu'à la verité la cour avoit fait un vilain affront à M. de Maienne, et qu'elle ne le devoit faire. Auquel le.president Le Maistre respondit que la cour n'estoit point affronteuse : qu'elle l'avoit bien pris et enduré de M. de Maienne, pour le respect
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